vendredi 13 mars 2009

Bastille - Messiaen, Saint François d'Assise - Nordey, Cambreling - octobre 2004

J'avoue humblement que mon moral n'était pas très haut en me rendant à Bastille hier en milieu (!) d'après-midi. D'abord, bien sûr, à cause de la durée (même si je suis un parsifaliste aguerri); ensuite, parce que mes expériences avec Messiaen sont, disons, variables (positive avec le Quatuor pour la fin du temps, très négative avec la Transfiguration, à côté de laquelle la Chevauchée des Walkyries ressemble à une oeuvre de jeunesse de Mendelssohn); enfin parce que, connaissant mon incapacité viscérale à quitter une représentation quel que soit mon ennui, je savais que je risquais de me forcer à rester coûte que coûte jusqu'à la fin.

Heureusement, l'expérience, finalement, aura été globalement positive. La musique de Messiaen me convainc souvent, notamment -ce qui n'est pas étonnant- dans la scène du lépreux, ou la plupart des scènes de l'ange. D'autres passages m'ont ennuyé, notamment les passages choraux souvent très lourds, et l'utilisation des ondes Martenot est plus une curiosité d'autrefois que quelque chose de vraiment musical. L'écriture vocale de Messiaen, si elle ne dépasse pas vraiment le "complexe de Pelléas" qui pèse sur l'opéra français pendant tout le XXe siècle, est remarquablement respectueuse des cordes vocales, qu'elle ne semble jamais violenter et met souvent bien en valeur. Je reste donc un peu perplexe devant l'ampleur de l'oeuvre et la démesure du projet, même si je suis heureux d'avoir découvert cet univers unique.

Le fait que la représentation ait été d'une qualité rare ne fait évidemment que renforcer le plaisir. Van Dam est inoubliable, mais tout le monde le sait; Schäfer splendide (et elle joue très bien); je n'ai pas de réserves à présenter sur Merritt, et les différents frères vont du pas mal (Polegato) au formidable (Workman que j'étais ravi de revoir, Bracht). Mais le clou du spectacle reste la mise en scène de Nordey, d'une sobriété souvent bouleversante (le lever du rideau au début du IIIe acte!). Les chanteurs jouent bien, un jeu lui aussi d'une grande sobriété; et les décors sont parmi les plus beaux que j'aie vu ces dernières années. Les moments d'ennui qui subsistent, notamment dans le IIIe acte, sont ceux où Messiaen en fait trop. On peut dire que Mortier ne rate pas son début de mandat !

N'oubliez pas que Musicasola, le vrai, c'est là !

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